Ce billet n’est pas à classer dans la rubrique humour. Le sujet, contrairement à ce que l’on peut croire, est tout à fait sérieux. Il s’agit tout de même de pouvoir, de destin d’un peuple. On ne rigole pas avec cela. Et puis ce qui se passe dans le pays voisin nous intéresse à plus d’un titre. Tout le monde se souvient du fameux caillou. Vous savez, cette déclaration d’un président défunt qui prédisait que l’affaire du Sahara serait (et oeuvrait de sorte qu’elle soit) le cailloux dans la chaussure du Maroc. Et il n’a pas tort, … jusqu’à présent. Qui peut marcher confortablement avec un caillou dans la chaussure?
Revenons à l’actualité. Le journal El Moudjahid, connu pour être le porte parole du progressisme et de la défense des causes des peuples, publie aujourd’hui un article sur la réunion du Conseil des ministres algériens tenu hier.
Voici quelques extraits:
« Durant cette réunion (du 3 novembre 2008), le Conseil des ministre a examiné et approuvé le projet de loi portant révision de la Constitution.
Le projet de révision constitutionnelle initié par le Chef de l’Etat, conformément aux pouvoirs que lui confèrent la Constitution et aux procédures définies par celle-ci, s’articule en cinq volets.
En premier lieu : il s’agit de la protection des symboles de la glorieuse Révolution de Novembre, qui sont les symboles de la République Algérienne Démocratique et Populaire.
En second lieu : il s’agit de la promotion de l’écriture et de l’enseignement de l’histoire.
En troisième lieu : il s’agit de la promotion des droits politiques de la femme.
En cinquième lieu : il s’agit de réorganiser, préciser et clarifier les rapports entre les constituants du pouvoir exécutif sans pour autant toucher aux équilibres des pouvoirs. »
Donc pour résumer, dans le pays voisin, il se prépare une révision constitutionnelle qui va se pencher sur les symboles de la Révolution, l’Histoire, la Femme et la réorganisation des pouvoirs.
Vaste chantier. Rien à dire. Il y a la Révolution qui mobilise le peuple, le passé qui éclaire l’avenir, la femme qui reprend ses droits et le pouvoir qui s’organise pour mieux gérer les affaires du peuple. Un document de grande valeur moderniste et démocratique.
Mais il manque quelque chose. Comme vous l’avez constaté, le quatrième volet sur les cinq annoncés, a été délibérément omis par l’auteur de ce blog.
Revenons donc à l’article: « En quatrième lieu : il s’agit de consacrer pleinement le droit souverain du peuple à choisir librement ses dirigeants. » Fondamental! Là encore, rien à dire. C’est vrai que les symboles, l’histoire, la femme et le reste ne règlent pas l’affaire du leadership.
Mais l’ambiguïté est vite levée. Le journal explique: « Tout système démocratique dans le monde consacre le peuple comme seul détenteur de la souveraineté qu’il exerce par le biais des institutions qu’il se donne. Tout système démocratique reconnaît également au peuple seul, le droit de choisir ses dirigeants par la voie des élections pluralistes, libres et transparentes.
La véritable alternance au pouvoir émane dont du libre choix du peuple lui-même lorsqu’il est consulté en toute démocratie et en toute transparence, à travers des élections libres et pluralistes.
Tel est donc le sens et la portée de cet amendement à l’article 74 de la Constitution, dont le but est de redonner à la souveraineté populaire sa pleine et libre expression. »
C’est la démocratie dans son expression la plus limpide. Le peuple, souverain, confie le pouvoir à ses dirigeants. Tout cela est parfait. La démocratie occidentale a désormais une concurrente de taille.
Mais dans cet article d’EL Moudjahid qui fait plusieurs pages, une malencontreuse phrase fait désordre et suscite la curiosité. « L’amendement proposé à l’article 74 maintient que la durée du mandat présidentiel est de cinq ans et dispose que le Président de la République est rééligible. » Par cet amendement donc, la limitation des mandats à deux seulement a sauté !
Mais pourquoi donc ? Lisons ce que dit l’actuel président : « La nation est témoin que je n’ai cessé, depuis 1999, de proclamer mes convictions quant à la nécessité de proposer au peuple directement, par la voie du référendum, une révision profonde de la Constitution pour l’adapter à l’évolution de notre pays et surtout à la réalité de ses défis contemporains. Cette conviction demeure toujours la mienne »
Et de conclure : « J’espère donc que dans la pluralité légitime des choix et des visions politiques de chacun, l’ensemble des Algériens et des Algériennes saisiront la finalité réelle et les enjeux véritables de cette révision constitutionnelle partielle que je soumettrai au Parlement, après avis motivé du Conseil constitutionnel ».
Et vous, vous avez saisi la finalité réelle ?