Feuilles d’hiver (9, 10 et 11)

09. Où sont passées les pluies qui font les grosses boues ? Qui nous rendaient tristes, nous les enfants des temps des pluies, qui nous empêchaient de jouer nos parties de ballon sur nos terrains improvisés. Me revient le souvenir de la colère de ma mère quand elle m’a vu rentrer à la maison, en retard, alors que le bon repas refroidissait, et, par dessus le marché, les vêtements maculés de boue. Je lui en ai voulu de ne pas me comprendre, ne pas saisir cette envie de m’amuser, moi qui étais sérieux à l’école et ailleurs, qui ne lui arrivait que très rarement d’enfreindre les règles. J’avais pourtant essayé de jouer prudemment pour rester propre, puis l’enthousiasme et la rage de gagner, me faisaient oublier tout cela, me poussant à me vautrer dans la boue, à la poursuite du ballon glissant, jusqu’à oublier le repas, les règles, la propreté et l’éventuelle mais très probable colère maternelle. 

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Feuilles d’hiver (6, 7 et 8)

6. Depuis son bureau au Massachusetts, Herman Melville écrit sur l’arrivée à Massa, de l’autre côté de l’océan, du prophète Jonas voyageant dans le ventre d’une baleine. 

Il y a de cela des millions d’années, Massa et les îles Canaries faisaient partie, avec l’île de Madère, du continent africain. Une plaque terrestre abritant cet arbre mythique, endémique, l’Arganier. Majestueux dès qu’il pleut, souffrant sous la menace de la chaleur et des prédateurs. Un arbre capable de vivre des siècles grâce à des racines allant jusqu’à 25 mètres en profondeur. Cette plante mythique qui peut atteindre 10 mètres de haut, rempart solide, jusqu’à présent, contre la saharisation. 

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Feuilles d’hiver (3, 4 et 5)

3. Et voici l’hiver. Dans le jardin de notre institut, la vigne et le grenadier sont dénudés. Les palmiers offrent aux oiseaux leur ration quotidienne de dattes. Nos deux arganiers s’accrochent.

Mais est-ce vraiment un hiver ? Cette saison du repli, de transition entre deux années, en temps de dérèglement climatique, que devient-elle ?
Où est passée la pluie ? Les rues lavées, l’air purifié, les visages rassérénés, les parapluies déployés ? A chaque fois que je visite l’Europe en hiver, je me dis que, peut-être, si nous avions des hivers comme les leurs nous aurions des rues plus propres. Les voitures auraient besoin de passer moins souvent au lavage. Il y aurait peut-être moins de garages qui se transforment à tous les coins de rues en lieux de lavage des voitures. Ces garages serviraient peut-être à autre chose de plus utile aux gens.

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