De retour des réunions de négociation marathoniennes, qui ont enregistré un progrès substantiel dans le processus de lutte contre le changement climatique, (voir document),
je décide, muni d’une carte, de profiter d’un moment de répit pour aller à la découverte de Vienne.
Je quitte l’hôtel Prinz Eugen, où je suis confortablement logé, en face de la gare Sudbahnhof, pour m’engager dans le Belvédère. Palais d’été impérial transformé en musée. Son parc, bien agencé, procure un sentiment d’apaisement.
En le quittant, je prends la rue des marocains, appelée ainsi après le passage d’une délégation marocaine en cette ville en 1793 ! Au milieu de cette rue, une fontaine à la marocaine avec zellige et bois sculpté offerte par le Maroc en 1998 à l’occasion du millénaire de l’empire autrichien.
Je débouche sur Statdpark, avec ses statues de Strauss et de Schubert, puis je m’arrête pour prendre un café sur la terrasse du restaurant Johann.
En quittant le parc, je longe Schubert Ring jusqu’au canal du Danube puis je me dirige vers Schwedensplatz, place très animée avec de multiples kiosques où l’on peut déguster une bonne würstel grillée.
Je pénètre ensuite vers Stephensplatz, place centrale de Vienne, pour admirer la toiture de la cathédrale St Etienne en faïences colorées. J’en fais le tour avant de m’engouffrer dans les passages piétons, pour découvrir la maison où Mozart a passé les trois années les plus productives de sa courte vie.
Dans une ruelle couverte qui ne fait pas plus de deux mètres de largeur, je me suis permis d’apprécier une boisson bien fraîche dans l’échoppe « vis-à-vis », tenue par une dame assez âgée, souriante et habillée élégamment, où tous les clients semblent se connaître.
Je me dirige ensuite vers la place Graben, qui rappelle Navona à Rome, et qui abrite une multitude de magasins de luxe, de fontaines et de musiciens. Je prends Kohlmarkt qui en sort pour passer au café Demel, le plus ancien et le plus fameux de Vienne et où l’on peut s’acheter des confiseries en souvenir. Cette rue débouche sur l’ensemble impérial, qui a abrité jusqu’en 1918 le règne des Habsbourg, formé de palais, transformés en musées, de parcs et de vastes places.
En son centre, des restes archéologiques sont exposés pour rappeler le passage des romains dans cette ville !
L’un des bâtiments est dédié au Kunsthistorisches Museum, où se déroule la comédie « Maîtres anciens » de l’écrivain autrichien Thomas Bernhard, un des meilleurs romanciers de notre époque d’après Lamia.
Dans un autre bâtiment, la bibliothèque nationale, où le gouvernement autrichien a donné une réception en l’honneur des participants à notre réunion sur le changement climatique. Edifice baroque impressionnant avec ses plafonds peints, ses 200 000 ouvrages et l’exposition des cadeaux que recevait la famille impériale, …
Un petit détour vers le Burggarten pour apprécier la statue de Mozart, prise d’assaut par les touristes japonais…et pour jeter un coup d’œil sur l’Opéra, qui rappelle celui de Paris. Je prolonge le détour vers le croisement entre la rue commerçante de Kärntner et la rue philharmonique, pour déguster un délicieux chocolat viennois chez le célèbre café Sacher, fondé en 1832, et qui se trouve juste en face d’un Starbucks. Coïncidence, signe des temps !
De l’autre côté du palais impérial, le jardin du peuple, Volksgarten, qui débouche sur le palais abritant la mairie de Vienne.
En contournant le Parlement, j’arrive au Museum Quartier, un ensemble de palais transformé en musées, anciens et modernes avec des cafés et des commerces, apparemment apprécié par la jeunesse viennoise.
En passant par Schillersplatz, je traverse Karlsplatz, autre cœur de la ville avec son église Saint Charles, pour déboucher sur Scwarzenbergplatz, avenue large et bordée de bâtiments anciens impressionnants.
Une bonne marche tout le long de la rue des Argentins me ramène à l’hôtel, fatigué physiquement mais reposé dans ma tête.
Sur le chemin du retour, j’avais repéré un restaurant tout près de l’hôtel, Böhmerwald, où je choisis de prendre un bon repas bohémien, dans un cadre familial et à un prix raisonnable. La veille, j’avais dîné au restaurant Karl Sperl, dans le même quartier…
Voilà, un tour de quelques heures qui révèle une capitale parsemée d’églises, de palais, d’universités, de théâtres, de restaurants… Tout ce qu’il faut pour la coexistence du politique, du religieux, pour le savoir, l’art et les loisirs… En somme, pour la bonne gestion de la vie des populations et la satisfaction de leurs besoins.
Sans comparaison avec la logique géométrique cartésienne de Paris, Vienne laisse ses rues s’enchevêtrer et ses visiteurs se perdre dans le dédale de ses avenues qui portent ses nombreux monuments. Le tout sur une superficie couverte à moitié d’espaces verts et dont le cœur est éloigné du Danube, contrairement à Paris ou à Rome construites autour des fleuves qui les traversent.
Vienne, longtemps capitale d’un empire puissant, enclavé dans une région montagneuse, est aujourd’hui une capitale d’un pays moyen de l’Union européenne.
Pour ne pas avoir pu devenir une puissance coloniale, au moment où l’Europe cherchait l’expansion et les ressources naturelles dans les autres continents, l’Autriche est aujourd’hui un petit pays réduit à décompter avec fierté les jours, heures et minutes qui le séparent des championnats de football prévus en juin 2008.
En attendant, à Vienne, la journée du 7 septembre 2007 est attendue comme un grand jour. Partout fleurissent annonces et affiches avec photos et slogans. Non, bien sûr, l’amitié marocco-autrichienne ne s’est pas renforcée jusqu’au point de voir Vienne s’intéresser à nos élections législatives. Il s’agit « tout simplement » de la date de la prochaine visite du pape à la capitale d’un peuple de dévots ; mais qui tout de même s’annonce sur son site officiel comme un havre de paix pour homosexuels!!!