Elle papillonne, elle observe, elle sélectionne. Puis elle frappe avec sa faux, sans crier gare, indistinctement. Elle frappe les êtres chers, laissant ceux qui les aiment, inconsolables, abasourdis par la brutalité du sort, hébétés par la cruauté du choc.
Elle remplit sa mission : celle de contrecarrer la vie, de rappeler les limites aux vivants.
A Gaza elle a fait 1300 victimes en trois semaines. Sur les routes marocaines elle a fauché 4000 âmes en une année. Tristes bilans qui doivent susciter rage et révolte, amère situation qui doit provoquer le sursaut…
Pas loin de moi, elle a de nouveau frappé. Un jeune homme plein de vie, qui croque la vie, qui s’installe dans la vie, a été emporté, à 33 ans, par une avalanche de neige, lui le sportif confirmé, laissant des parents médusés et des amis consternés.
Encore plus proche de moi, une cousine est emportée, laissant une vie inachevée, un fils qui a encore besoin d’elle, un mari et une famille qui l’ont tant aimée et de nombreux patients qui avaient admiré en elle compétence et dévouement…
La foi est là pour atténuer la douleur en l’absence d’explication rationnelle. La religion invite à l’acceptation du sort, prodiguant un certain réconfort dans la soumission.
Et puis l’heureuse folie de la vie, faite d’inconscience et d’oubli, reprend son cours et empêche de sombrer.