Foum Zguid, un village qui se trouve sur le route entre Tata et Tazenakht et se situe à 760m d’altitude et à 450 km au Sud Est d’Agadir.
Foum Zguid en lui-même ne présente pas d’intérêt majeur. D’accord, il y a la palmeraie, et le douar ancien, mais tous deux se meurent, dans l’indifférence générale. Sans surprise, le nouveau village se construit selon le modèle architectural en vogue dans tout le pays. Ce modèle maudit basé sur les concepts de Rido (venant du mot rideau pour symboliser le magasin) et de Sondouk (boîte pour dire logement). A la différence que, pour les façades, une couleur entre ocre et sable est privilégiée ou imposée, on ne sait pas. Ce village contribue d’ailleurs à la disparition de la palmeraie et du douar puisqu’il s’étend, tout doucement, à leur détriment. La population, en diminution, dépasse à peine les 9000 habitants, vivant pour la plupart d’activités rudimentaires.
Mais Foum Zguid, installé dans la sécheresse et dans un climat très rude, sort petit à petit de sa somnolence. De hautes personnalités du Golfe ont porté leur choix sur ce site, comme sur d’autres d’ailleurs dans le Sud marocain, pour installer les infrastructures nécessaires à la pratique de leur sport favori, la chasse de l’outarde, avec quelques bénéfices pour le village. Les chantiers font appel en partie à la main d’œuvre locale et quelques activités génératrices de revenus seraient financées par ces nouveaux venus.
Les paysages qui jalonnent les routes qui mènent à Foum Zguid sont splendides. Une succession de canyons s’offre en effet aux voyageurs sous un ciel bleu et un soleil limpide. Sur les flancs des montagnes et collines rocheuses, la nature a réalisé pendant des millions d’années des sculptures d’une beauté à couper le souffle… Pour cette année exceptionnellement pluvieuse, les rares acacias encore vivants ont repris des couleurs ainsi que leur forme étonnante.
A chaque fois que je me promène dans cette région, je ne peux m’empêcher de m’interroger sur la raison de l’indifférence dont elle est l’objet. Seuls quelques touristes connaisseurs s’y aventurent en effet. Se pose alors l’éternel cercle vicieux : pas d’investissements tant qu’il n’y a pas de visiteurs et pas de visiteurs sans infrastructure d’accueil !
A l’extrémité Sud du village, un jeune promoteur achève de construire une auberge-restaurant (Sable d’or) qui sera bientôt opérationnelle. Un peu sommaire mais le propriétaire y croit. Il a dénombré une dizaine de véhicules de touristes qui passent en moyenne par le village et qui chercheraient bien un endroit où se reposer, se nourrir et même passer la nuit. Pour la réalisation de son projet, il a bénéficié d’un terrain Jmouâ qu’il loue pour 800 Dh l’année, a reçu un appui financier de l’INDH (200 000 Dh) et a eu accès à l’eau gracieusement mise à sa disposition par le projet des personnalités venues du Golfe. Quant à l’électricité, ce jeune promoteur a fait confiance au solaire. Une entreprise de Nador a installé sur son toit, pour 46 000 Dh, trois panneaux qui lui permettront de brancher 72 ampoules basse consommation, un frigo et une télévision.
Sur la route reliant Foum Zguid et Agadir, deux haltes s’imposent. La première à Tazenakht capitale du tapis berbère. Ces tapis en laine de mouton et aux couleurs de pigments authentiques sont admirables. Parmi les coopératives qui pullulent dans le village, je me permets d’en conseiller une qui détient des trésors de tapis anciens et neufs : la Coopérative Tizerzite. La deuxième escale : à Taliouine, capitale du Safran (jusqu’à trois tonnes par an et 140 fleurs pour un gramme !). Pour 23 Dh (contre 10 Dh il y a quelques mois) on peut se procurer un gramme de cette épice magique qui fait vivre toute une région et donne un goût incomparable aux tagines et autres mets de la cuisine raffinée marocaine.