« A Fès, vendredi 13 février, devant SM le Roi Mohammed VI, neuf ministères et le secteur privé représenté par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), ont scellé le Pacte national pour l’émergence industrielle. L’Etat et le secteur privé ont consolidé leurs engagements mutuels par un contrat-programme public-privé qui s’étale sur la période 2009-2015. Ce programme permettra, à l’horizon 2015, de créer 220.000 emplois, d’augmenter le PIB industriel de 50 milliards DH et de générer un volume supplémentaire d’exportation de 95 milliards DH. Il prévoit également 50 milliards d’investissements privés dans l’activité industrielle. Ce contrat-programme va nécessiter des fonds de l’ordre de 12,4 milliards DH, dont 34 % dédiés à la formation et aux ressources humaines et 24 % à l’incitation à l’investissement. »
A la lecture de ce début de communiqué officiel, on peut se sentir rassuré par un gouvernement qui prend les taureaux par les cornes, en temps de crise. Un gouvernement qui scelle un pacte entre divers partenaires pour préparer le Maroc au monde d’après la crise. Pour cela, il y a tout ce qu’il faut : les parties prenantes, les délais, les fonds, les objectifs. Mais le lecteur veut en savoir plus sur les secteurs visés par ce pacte (dont le texte n’est toujours pas disponible sur le site du ministère concerné!!!). Grand changement ! Ce ne sont plus des secteurs, mais des Métiers Mondiaux du Maroc. Nous voilà donc projetés dans le Monde avec des métiers. Le communiqué ne tarde d’ailleurs pas à préciser les choses :
« Cet ambitieux contrat-programme repose sur trois piliers. Le premier consacre 111 mesures précises et budgétisées, avec plan d’action, aux Métiers mondiaux du Maroc. En d’autres termes ce sont les filières pour lesquelles le Maroc possède des avantages compétitifs, à savoir : l’offshoring, l’automobile, l’aéronautique, l’électronique, le textile-cuir et l’agroalimentaire. »
Les Métiers du Maroc dans le Monde sont donc exactement ceux qui connaissent le gros de la crise dans le monde.
N’y avait-il donc pas d’autres secteurs, d’autres métiers, pour lesquels le Maroc pouvait préparer son accès à l’économie de l’après crise ? Nos responsables ne lisent-ils pas la presse internationale pour se rendre compte qu’une nouvelle économie est en train de se mettre en place, qu’une croissance nouvelle est partout recherchée ?
Tous les grands pays qui ont senti, peu ou prou, les effets de la crise ont élaboré des plans d’adaptation au nouveau monde en gestation.
La Banque HSBC a publié quelques jours seulement avant la signature de ce pacte, nos ministres ne pouvaient pas l’ignorer, un rapport récapitulant les différents plans présentés par divers pays. Sous le titre révélateur « Green Rebound », le Rebond Vert, ce rapport conclue que dans les quinze pays examinés, sur un total de 3170 milliards de dollars d’investissements, 14% (432 milliards) seront réservés à l’investissement vert, dont la moitié sera opérationnelle dès cette année. Par investissements verts, il est entendu : efficacité énergétique, renouvelables, eau et autres cleantech…Métiers pour lesquels le Maroc pourrait encore faire des efforts…