Un émir torture. Et après?

Ce ne sont pas des images volées. Non, elles ont été délibérément filmées pour le compte de ce membre de la famille au pouvoir aux Emirats Arabes Unis. Car cet émir, qui n’est autre que le frère du souverain, voulait donner une leçon à ce commerçant afghan accusé d’avoir perdu un chargement de céréales d’une valeur de 5000$. Toutes les méthodes d’abus sur la personne ont été pratiquées. L’émir est allé même jusqu’à passer son gros 4×4 Mercedes sur les membres de la victime, avec l’aide d’un policier en uniforme.

A la suite de la diffusion de ces images par la chaîne américaine ABC, l’affaire est sortie de l’ombre et l’émir coupable a été finalement arrêté. Son frère, ministre de l’intérieur, a reconnu les faits et a promis de tout faire pour que justice soit rendue.

Il s’en trouvera bien quelques personnes pour faire la comparaison avec ce qui s’est passé dans les prisons irakiennes des mains d’officiers américains. Bien sûr, ces actes abominables sont aussi condamnables et l’ont été.

Mais personne n’est dupe. La différence est énorme. Car dans nos pays arabes, la notion de pouvoir est intimement liée à la notion d’impunité. Quelqu’un qui arrive au pouvoir arrête immédiatement de se sentir concerné par les règles appliquées à ceux qui n’y sont pas. Et je ne parle pas seulement du niveau gouvernemental. Quelqu’un qui arrive au pouvoir, croit devoir s’approprier les êtres, les terres, les biens à sa guise. Cela se voit sur les regards, se lit dans les gestes, se révèle dans les actes, se traduit dans les abus, les complicités, les compromissions…

Au Maroc plusieurs exemples ont été révélés dans la presse : cette fille de personnalité qui agresse un policier, cette autre qui tire sur un agent,…

Le Cheikh, auteur de ces crimes, victime de l’ingérence des moyens de communication américains, ne comprendra certainement pas qu’il soit inquiété. Pour lui, il a agit tout à fait naturellement : son rang l’autorise à commettre les actes que lui dicte sa volonté !

Sans parler des règles de droit, de l’Etat de droit, de la démocratie, de la liberté, ni de la justice indépendante, la question est toute simple : comment limiter les pouvoirs de ceux qui sont au pouvoir ?

Il n’y a pas de développement, ni de progrès, sans une réponse claire et durable à cette question