Candide à Bouznika-suite

Dimanche midi. Presque deux jours après l’ouverture du Congrès, la jeune déléguée venue du Sud ne comprend pas ce qui se passe. Elle pensait que les choses allaient se terminer ce dimanche pour qu’elle puisse repartir dans sa ville passer ses examens. Elle pensait qu’après les discussions et les échanges de points de vue, on allait passer au vote pour adopter des textes et choisir des dirigeants. Or rien ne semble se passer ainsi. Autour d’elle, les plus aguerris ne comprennent pas davantage, ou alors ils n’ont pas le temps de lui expliquer.

Pourtant après quelques retards, elle a bien vu qu’un présidium a été désigné samedi pour diriger les travaux. On lui a dit que ceux qui ont été choisis pour cette mission l’ont été en raison de l’extinction de leur ambition. Elle ne comprenait pas mais elle a bien vu que des dizaines d’intervenants se sont inscrits et que les débats ont été bien vifs par moments. Tellement vifs que quelques délégués en sont venus aux mains!

Elle voit bien que partout dans l’enceinte du complexe des groupes se forment et se dispersent. Les discussions vont bon train. Elle a pu attrapper quelques bribes, par ci par là, lorsque les discutants ne faisaient pas attention à elle. Elle a entendu dire que la situation était vraiment inquiétante et qu’il y avait même le risque que tout cela tourne mal.

Elle ne sait pas que les ténors n’arrivent pas à s’entendre. Ces éléphants qui ont l’habitude des Congrès préfabriqués où aucune surprise n’était possible. Mais cette fois, la confiance entre eux n’existe plus, et le recours à la démocratie est trop périlleux pour être tenté. Alors, ils font attendre et jouer la montre pour voir qui va céder le premier en mettant la pression sur les nerfs et la disponibilité des congressistes. Ceux qui ont pensé rénover en instaurant le scrutin de liste et l’élection directe du premier secrétaire ont sous-estimé les nuisances de ceux qui ne s’y retrouvaient pas et les ambitions de tous ceux, nombreux, qui s’estiment aptes à figurer dans le bureau politique. Alors les listes se font et se défont, et le risque de revenir aux bonnes vieilles recettes n’est pas écarté!

En l’absence d’information sur tout cela, notre candide s’apprête à repartir chez elle et les candidats à perdre sa voix!