Pour saluer la convergence des points de vue de hmida et de 7didane la7rami, et pour partager sur ce point l’analyse faite par : Hélène NOUAILLE et Mohamed OTHMAN BENJELLOUN, dans » l’économiste » du 18 09, je cite ce paragraphe éloquent:
Aux yeux de nombreux organes de presse au Maroc, la couverture par les médias occidentaux des élections marocaines laisse beaucoup à désirer par ses approximations, voire ses partis pris. «Les presses françaises et espagnoles donnent l’impression d’être très déçues par les élections marocaines: il n’y a pas eu le tsunami islamiste qu’elles annonçaient avec tant de force qu’on se demandait si elles ne le souhaitaient pas» (7).Remarquons que le peuple marocain ne s’est nullement perdu dans un «raz de marée islamiste tant attendu, et abondamment commenté par la presse et les chaînes étrangères» – ce qui agace, à juste titre L’Economiste marocain. Le scrutin du 7 septembre est stigmatisé à travers des «analyses» annonciatrices d’un «déluge islamiste», continue le journaliste. «Le Parti de l’Istiqlal, classé premier […] n’aura ainsi pas autant d’espace visuel que son rival le PJD. Les autres partis, n’en parlons pas! Peu de reportages sur les autres groupes politiques, les ministres et les formations perdantes ou gagnantes. Le paysage politique est caricaturé […]. Peut-être que ces sujets ne font pas grimper l’audimat. Toujours est-il qu’un tel traitement donne une image biaisée de la scène politique […]. Le Maroc n’aura droit de cité dans le JT qu’à travers la lorgnette islamiste. C’est en substance la conclusion qui se dégage de la couverture faite par les médias étrangers. Pour eux, la transparence des résultats est passée en second plan. Le principal intérêt n’était finalement que “le péril islamiste” et les ceintures de misère…» (8).Les inexactitudes, rapportées par les organes de la presse occidentale, y compris la plus en vue, sont en effet déconcertantes pour l’observateur marocain. Un exemple: l’éditorial du journal français Le Monde du 10 septembre 2007 fait du PJD l’unique victime «d’un système électoral et d’un découpage des circonscriptions, notamment dans les zones rurales, où le PJD est bien implanté» [sic]. Alors que ce parti est principalement implanté dans les zones urbaines et périurbaines où ses candidats se sont fait élire, et nombreux sont les partis, y compris au sein de la majorité sortante, qui se disent victimes du découpage électoral et du mode de scrutin de liste par circonscription, USFP comprise (9). Il faut dire que la vision déformante d’un «affrontement de civilisations», reprise, inconsciemment ou non, par des médias au mieux moutonniers, a été largement diffusée par les think tanks néoconservateurs américains. Il fallait ainsi que les islamistes prospèrent au Maroc, notamment dans les campagnes (nous avons vu que non, peu importe) pour soutenir la vision simpliste de la «guerre contre la terreur». Il n’est que de lire quelques titres du Christian Monitor américain (Is al Qaeda influence spreading to Morocco? Ou encore : Morocco’s harder line on security challenges reforms) ou assertions alarmistes d’analystes dits bien informés (The Signs of Jihadist Sights on Morocco) (10).