La langue de l’audace

Au moment où je m’apprêtais à écrire un billet sur la nécessaire réflexion qui doit s’ouvrir d’urgence sur l’outil linguistique le plus approprié au sauvetage de notre système éducatif, ma navigation sur le net me conduit à cet article du journal The Guardian sur une audacieuse initiative en cours en Turquie. Dans cet article, il est révélé que la Direction en charge des affaires religieuses dans ce pays est en voie de finalisation d’un travail gigantesque de réecriture des traditions et lois musulmanes pour mieux les adapter aux exigences du XXI ème siècle. Il se pourrait que cette action soit entreprise afin de mieux défendre le dossier turc auprès de l’Union européenne pour l’intégration à cet espace politique, mais si ce pas est franchi, il va de soi que l’ensemble du monde musulman pourrait aussi en tirer bénéfice pour son entrée dans le monde contemporain…

C’est de ce genre d’audace que nous devrions faire preuve pour le toilettage de notre langue, restée immuable depuis plus de quinze siècles! Pourquoi est-ce qu’il serait attentatoire à notre identité ou à notre histoire ou à la religion que de fiare une telle proposition? Pourquoi est-ce que ce qui a si bien réussi pour la Turquie Kémaliste, ou le Japon moderne, ou même Israël, lorsque ces pays ont adapté, modernisé leurs langues respectives, séculaires, porteuses de tant de charge historique pour leurs populations, nous serait interdit à nous les marocains?

Les français sont engagés aujourd’hui dans une course poursuite pour la défense de leur langue face à la langue anglaise, de plus en plus hégémonique dans le monde. Un français décaféiné est passé du stade de conception à l’expérimentation, semble-t-il réussie, dans de nombreux pays. Il s’agit du FLE, ce parler français destiné aux étrangers désireux de parfaire leur employabilité. Un français déchargé de toutes ses lourdeurs et destiné à servir les intérêts et faciliter la présence française dans le monde de la manière la plus pragmatique qui soit. (Pour plus d’information consulter le site du CIEP).

Il va de soi que ce genre de projet peut être critiquable à plus d’un titre. Notamment parce qu’il peut conduire à la négation de toute dimension culturelle, citoyenne, philosophique, humaniste dans un enseignement qui serait exclusivement tourné vers l’objectif de l’adaptation aux exigences du marché.

Mais ne pourrions-nous pas, en tenant compte de ces dangers réels, envisager une refonte de notre langue qui pourrait concilier les exigences du respect des valeurs humanistes et de nos fondamentaux identitaires avec les exigences du monde contemporain.

Ce serait un des sujets essentiels dans les réflexions que nous ouvrirons dans le cadre de l’initiative lancée pour faire de l’éducation un moyen de développement.

Pour cela, commençons par être nombreux, très nombreux, très nombreux à soutenir l’initiative lancée par les blogueurs, en envoyant un mail à edudevmaroc@admingmail.com ou un SMS au N° 018 40 44 44.