Le réveil du Golfe arabique?

Johannesburg, été 2002, lors d’une réunion de préparation du Sommet Mondial du Développement Durable, le délégué du Maroc fit une intervention qui mettait en relief les efforts et projets, encore timides, de son pays pour promouvoir les énergies renouvelables. En faisant cela, il était loin de se douter des réactions que ces déclarations allaient soulever: rien de moins qu’une réunion du groupe arabe avec pour point à l’ordre du jour la clarification des propos tenus par le délégué marocain allant à l’encontre des intérêts des pays frères exportateurs de pétrole!

Plus de six ans plus tard: le vent a tourné et le soleil a dégelé les esprits dans les pays frères du Golfe arabe, majoritairement producteurs des  80 millions de barils de pétrole que l’humanité consomme chaque jour, avec tous les effets négatifs que l’on connaît sur le climat et la planète.

En effet, et comme cela a été déjà signalé par un billet publié dans ce Blog, il y a un an presque jour pour jour, les Emirats Arabes Unis poursuivent leur projet de construction, par un architecte britannique et une entreprise canadienne, de la ville écologique de Masdar. A titre d’illustration, les plans initiaux de cette ville ont exclu à la fois l’aluminium et le béton conventionnels, car la production de ces matériels crée des niveaux élevés d’émissions de CO2. Les fabricants d’aluminium se sont conformés avec cette exigence et ont présenté un produit qui réduit les émissions de 90 pour cent par rapport à l’aluminium habituel.

Non loin de là, en Arabie Saoudite, la nouvelle Université d’Etat King Abdullah University of Science and Technology, a accordé l’an dernier à un chercheur américain de Stanford la somme de 25 millions de dollars afin de lancer un centre de recherche sur comment rendre le coût de l’énergie solaire compétitif avec celui de l’énergie issue du charbon. Cette même université a également subventionné par un don de 8 millions de dollars un chercheur de Berkeley pour développer la fabrication de béton vert.

Toujours dans la région, en Novembre dernier, le gouvernement du Qatar a signé un accord avec la Grande-Bretagne lors de la visite du Premier ministre Gordon Brown, pour investir plus de 220 millions de dollars, dans un fonds britannique dédié aux technologies faibles en carbone.

Ce sont là des signes indéniables de la prise de conscience par ces pays du fait que le pétrole a une durée de vie limitée et que ses revenus ne sont pas éternels. Reste bien entendu la question des bénéfices de ces actions sur les citoyens de ces pays, et sur leur développement humain…