Les grilles de Mawazine ne devront plus céder!

La prestation de Stevie Wonder à Rabat le 23 mai est historique. La renommée du chanteur, ses engagements politiques, ses origines, son génie musical, sa longévité donnent à son choix de se produire au Maroc une connotation particulière.

Personnellement, je peux affirmer ici que j’ai vécu ce soir là des moments de bonheur inoubliables, en mesurant toute la chance que j’ai eu d’assister à un spectacle aussi grandiose.

Pendant que Stevie Wonder me ramenait aux souvenirs de jeunesse, sur ses rythmes entraînants inscrits à jamais dans ma mémoire, ma joie était encore plus grande en voyant ces milliers de jeunes communier dans la symbiose, la complicité et la bonne humeur.

Malheureusement, tout cela passe au plan inférieur et ne sera vraisemblablement pas retenu.

Sur un autre lieu du festival : une grille s’effondre, la bousculade et tout bascule…

Le deuil qui a frappé ce festival, par le décès de onze personnes, occupe, à juste titre dans une certaine mesure, les unes des journaux et médias étrangers plus que tout ce qu’a dit et répété Stevie Wonder sur scène quant à la tolérance, l’ouverture et la tranquillité qui caractérisent le Maroc. J’espère seulement que cet évènement malheureux ne le dissuadera pas de tenir son engagement de revenir se produire au Maroc au bénéfice de la cause des handicapés.

Voilà qui me ramène à une scène que j’ai vécue à Marrakech en 1998. Hillary Clinton, alors « seulement » première dame des Etats-Unis faisait remarquer à la princesse Lalla Meryem qui l’accompagnait que le Maroc gagnerait à être mieux connu et faire la une des journaux et magazines. La princesse s’est retournée et dit en arabe : « Allah yhfed ! », (que Dieu nous en préserve). Dans son esprit la une des journaux et magazines est souvent synonyme de mauvaises nouvelles…

Espérons juste que cet accident poussera les responsables à réfléchir aux moyens d’améliorer la sécurité du festival et non à sa suppression…Car la polémique et la surenchère ne manqueront pas de se déclencher et les donneurs de leçon de se manifester.

Je ne vous cache d’ailleurs pas qu’en assistant au concert, dans ma tête, résonnaient les propos menaçants tenus quelques jours plus tôt par le leader du parti islamiste marocain – dit modéré. N’avait-il pas dit sur un plateau de télévision en réponse à la question des festivals qui lui a été posée : que les festivals corrompaient les mœurs et en donnait pour illustration un chanteur qui se serait déshabillé sur scène ? Un autre leader du même parti n’avait-il pas dit au Parlement que si l’affluence était grande pour assister aux concerts des divers festivals organisés dans le pays, elle restait inférieure à celle que connaissent les mosquées pour la prière du vendredi ?