Avec la signature ce mardi 17 février par Obama du plan de redressement économique, voté par les deux chambres du Parlement, près de 800 milliards de dollars seront injectés dans l’économie américaine. Certains trouvent que c’est énorme, d’autres pensent que cela ne suffira pas (comme le prix Nobel de l’économie P. Krugman dans son article de ce jour au New York Times). Pour comparaison, le montant alloué par ce plan reste inférieur au coût de la guerre en Irak estimé à 1000 milliards de dollars.
Si dans ce plan, les équilibres idéologiques ont mené à une formule dans laquelle 24% du montant a été consacré aux investissements, 38% aux aides publiques et 38% aux allégements fiscaux, les observateurs cherchent aussi à voir à quel point Obama a été conforme avec ses engagements écologistes.
Là encore plusieurs interprétations sont possibles mais les chiffres sont parlants. Le plan adopté comprend 71 milliards de dollars pour des programmes d’énergies propres, plus de trois fois les dépenses actuelles, ainsi que 20 milliards de dollars d’incitations fiscales en faveur de ces mêmes énergies. Comme il est admis que tout investissement de 1 milliard de dollars dans les énergies propres crée près de 5000 emplois de plus que les dépenses d’infrastructure traditionnelle, il est clair que cette composante du plan aura des conséquences positives sur l’emploi.
Cette dimension verte du plan de redressement vient consolider les premières décisions prises par le nouveau président, comme celle d’autoriser l’établissement de normes de pollution des voitures au niveau des Etats et la désignation de personnalités reconnues pour leurs compétences et aussi pour leur militantisme écologique à l’image du secrétaire à l’énergie Steven Chu prix Nobel de physique et champion de la lutte contre le changement climatique.
Il est ainsi de plus en plus clair que la nouvelle administration agit en rupture totale avec la précédente. Mais pour cela, le terrain n’est pas totalement défavorable. La conscience écologique s’est rapidement élevée ces dernières années. Deux exemples venant de deux camps politiques et culturels différents en témoignent. D’abord, l’ex vice-président Al Gore et son initiative Repower America (dans les deux sens d’énergie et de pouvoir) qui a beaucoup inspiré le président actuel. Mais plus significative est la reconversion à l’énergie éolienne du richissime Texan Boone Pickens qui a fait toute sa fortune dans le pétrole.
Energie éolienne dans laquelle les Etats-Unis sont devenus les premiers producteurs du monde comme le montre ce graphique publié dans The economist.
Au niveau universitaire aussi, l’orientation environnementale est indéniable.
A l’Université Harvard, considérée comme le moteur de la suprématie américaine (elle compte parmi ses lauréats 8 présidents américains et 43 prix Nobel, fondée en 1636, elle dispose d’un budget annuel de 35 milliards de dollars pour quelques 20 000 étudiants), les visiteurs peuvent constater que des affichettes remplaçant le cramoisi (couleur légendaire de cette université) par le vert, fleurissent dans le campus aux côtés de diverses autres initiatives et programmes engageant administration, professeurs et étudiants…