Dans un précédent billet, j’attirais l’attention sur la nécessité pour le Maroc de s’engager sérieusement et fermement sur la voie de l’énergie solaire. Les experts le savent bien: il n’y a plus aucun doute ni sur la rentabilité ni sur l’urgence.
Mais il n’y a pas que les experts.
Voilà maintenant qu’un journal non spécialisé: Le Monde, sort un long article sur l’évolution rapide vers l’adoption de l’énergie solaire pour les besoins du pourtour méditerranéen.
Sous le titre: « Le Sahara générateur d’électricité ? », le journaliste H. Kempf, connaisseur et bien connu dans les milieux des négociations sur le climat, est l’auteur de cet article qui devrait éclairer les décideurs politiques. Voici quelques extraits:
« L’idée est forte et simple : l’énergie solaire illuminant le Sahara est très abondante. Si l’on pouvait en récupérer une fraction, celle-ci couvrirait une part notable des besoins en énergie des pays méditerranéens, mais aussi de l’Europe. Or les technologies solaires ont suffisamment progressé pour que cette perspective devienne réaliste.
« Les déserts chauds couvrent environ 36 millions de km2 sur les 149 millions de km2 de terres émergées de la planète, explique le physicien Gerhard Knies, inspirateur du projet TREC (Trans-Mediterranean Revewable Energy Cooperation). L’énergie solaire frappant chaque année 1 km2 de désert est en moyenne de 2,2 térawattheures (TWh), soit 80 millions de TWh par an. Cela représente une quantité d’énergie si considérable que 1 % de la surface des déserts suffirait pour produire l’électricité nécessaire à l’ensemble de l’humanité. » Dès lors, il devrait être possible, en multipliant les centrales solaires dans le désert, d’alimenter les pays riverains. Voire les pays européens. »
Surtout que:
« L’énergie résiduelle de la production d’électricité pourrait également servir, par le procédé dit de cogénération, à dessaler l’eau de mer – une préoccupation importante pour les pays du sud de la Méditerranée. Les experts estiment par ailleurs que le transport de l’électricité vers les pays du Nord, malgré d’inévitables pertes en ligne, resterait avantageux, dans la mesure où l’irradiation est deux fois supérieure dans le désert à ce que l’on observe en Europe. »
Et la contrainte de l’espace?
« La centrale de 40 MW de Brandis, en Allemagne, couvrira ainsi de panneaux solaires 110 hectares de bonne terre. Dans le désert, ce gaspillage d’espace est moins préoccupant. D’où l’intérêt croissant porté au concept de TREC par plusieurs compagnies d’électricité en Egypte et au Maroc. Et, plus encore, en Algérie. »
Ah! cette comparaison, et le « plus encore », pourraient peut-être faire bouger les choses chez nous. Lisons la suite:
« Détenteur d’un des potentiels solaires les plus importants de tout le bassin méditerranéen, ce pays a annoncé, en juin, un plan de développement assorti d’un calendrier, qui devrait être mis en oeuvre par la compagnie NEAL (New Energy Algeria). Le 3 novembre, l’acte fondateur du projet a été effectué par le ministre de l’énergie Chakib Khalil, qui a posé la première pierre d’une installation hybride, comprenant une centrale à gaz de 150 MW et une centrale solaire de 30 MW, dans la zone gazière de Hassi R’mel (Sahara). Son ouverture est prévue pour 2010. Une première étape vers ce qui pourrait, une fois réduits les coûts de production, devenir à terme une installation majoritairement solaire. »
Edifiant, non?