Triste PAM

J’ai regardé mardi soir sur notre télé nationale, numéro un dans le PAM, Paysage Audiovisuel Marocain, l’émission Hiwar consacrée au Secrétaire Général du PAM (Parti Assala oua Mouassara).

J’ai fait un effort bien sûr pour supporter l’épreuve. D’abord, l’ambiance sur le plateau. Ces applaudissements, ces têtes venues de tous horizons, qui se permettent sourires et apartés, qui se bougent dans tous les sens pour rester dans le champ de la caméra. On se demande pourquoi ce rassemblement. Est-ce pour soutenir la vedette du soir, par curiosité ou par devoir?

Comment par exemple le ministre des finances, en pleine période de présentation et d’affinement de la loi de finances, en pleine bourrasque financière mondiale, se permet-il une inactivité visible pendant tant d’heures, loin de ses bureaux et de ses dossiers? Cette situation est-elle imaginable dans d’autres pays ?

Ensuite, comment ignorer ce présentateur qui, malgré ses revirements, ne m’inspire aucune confiance, et qui continue à me rappeler tellement de mauvais  souvenirs. Et ces journalistes et cet expert qui ne viennent pas pour poser des questions mais pour passer des positions, et se montrer.

J’ai supporté tout cela, et le retard sur l’horaire prévu, sans excuse ni justification, pour écouter et voir le leader de ce nouveau parti PAM (le Parti de l’Authenticité et de la Modernité), censé apporter la crédibilité et le sérieux dans notre paysage politique.

Je suis de ceux qui pensent que tout citoyen a le droit de fonder son parti, même un ami du roi. Je ne suis pas de ceux qui jettent l’anathème sur l’initiative prise par les membres de ce nouveau parti. Je voulais juste en savoir plus sur ce parti. Je voulais juste quelques débuts de réponses. Réhabiliter le politique, d’accord, mais comment ? Diffuser les valeurs de citoyenneté, excellent, mais comment ? Mobiliser toutes les énergies, très bien, mais comment ? Améliorer la gouvernance locale, soit, mais avec qui ? Ecarter la religion de la politique, formidable, mais par quels moyens ? 

Au lieu de réponses même embryonnaires à ces interrogations pressantes, urgentes, incontournables, le téléspectateur n’a eu droit qu’à un discours identique à celui que tiendrait n’importe quel autre politicien marocain de notre champ politique dévasté. 

Le téléspectateur assoiffé de réponses concrètes a eu droit à un dirigeant qui ne trouve ses références que dans le passé, un vieux syndicaliste sans réalisations, un ancien gauchiste sans performances notables. Cet ancien censeur de Allal el Fassi et admirateur de Mahjoub Ben Seddik, lui-même recordman mondial de leadership « syndical », n’a pas pu trouver les mots pour parler d’avenir, ni d’ailleurs sur le présent, pourtant questionné par les crises et les conflits. 

Ses messages bien appris, ses entourloupes marrakchies bien assumées, au lieu d’apporter des réponses, M. Benaddi est venu, en mission, à la télé, confirmer les soupçons d’inutilité de ce mouvement, de ce parti qui n’ajoute rien. Un parti qui accepte le nomadisme au Parlement (voir ici chronique de ALM, pour rire), qui accepte de faire avec le personnel politique hérité du passé, qui marie la carpe et le lapin… 

Franchement avec le PAM, il n’y a pas de quoi se pâmer ! Le PAMB a encore de beaux jours devant lui !