Un français à Téhéran

Voici un extrait de témoignage de Vincent, élève à l’ENS Paris, qui passe un séjour d’étude à Téhéran.

J’habite dans la cité universitaire de l’Université de Téhéran, dans le batiment des doctorants iraniens (j’ai la chance de n’avoir pas été mis avec les étrangers). Les conditions de vie sont légèrement spartiates (deux par chambre, WC turcs sans papier toilette, je dors pas terre sans matelas mais sur une couverture), mais correctes. Mon coloc, Seyed (c’est à dire, pour les non avertis, qu’il est un descendant du prophète) est doctorant en littérature comparée, il travail sur Camus et Sadegh Hedayat (un écrivain iranien de la première moitié du 20eme que je vous recommende, je viens de finir la Chouette aveugle et j’ai beaucoup aimé) et il parle très bien francais. Je craignais une année de cohabitation mais je suis finalement apaisé. Grace à ce logement, je suis au quotidien avec des persanophones et cela devrait me permettre de faire des progrès rapides. C’est sur par contre que l’intimité, si cette notion existe ici, n’a pas l! e même sens que chez nous. Beaucoup de monde circule dans la chambre, s’installe parfois à ma table… Mais c’est vraiment supportable et même agréable parfois. La cité universitaire comprend des dizaines de batiments et nous sommes 5000 étudiants à y vivre, tous des garcons bien sur. Il y a un cinéma, deux magasins, un pressing, une cantine (assez bonne, on vient y chercher les plats et on mange dans sa chambre (jamais seul), un peu répétitif tout de même puisqu’il y a tous les jours du riz et que c’est la plus grosse partie du repas), et beaucoup de verdure et de fleurs. C’est plutôt dans le centre de Téhéran, et le calme qui y règne est un luxe dans une ville épuisante par son bruit et sa surpopulation (13 millions d’habitants).

Se déplacer à Téhéran : le moyen de transport le plus utilisé est le taxi collectif. Son usage est assez complexe pour les débutants. Les taxis font des trajets entre les points les plus importants de la capitale. Cela consitue un très grand nombre de lignes de transport en commun virtuelles pour lesquelles il n’existe bien sur pas de plan. Voulant aller par exemple à Sar e Hafez, je sais qu’il me faudra prendre un taxi vers Enqelab, et la bas un autre vers ma destination. Je sors de la résidence, me tiens le long de la route, et crie aux voitures qui passent la fenêtre ouverte : Enquelab. Bien sur, rien ne distingue un taxi d’une autre voiture, ce serait trop facile. Bien sur aussi, Enqelab a une prononciation très complexe et il y a peu de chance que le chauffeur entende ce que j’ai voulu dire. Si néanmoins j’ai surmonté ces étapes, l voiture s’arrête quelques mètres plus loin et je peux y monter. Ensuite une vingtaine de minutes d’emboutei! llage serré entre une grosse dame en tchador et une minette aux lunettes Christian Dior. A Enqelab je descends, cela m’a couté 275 tomans (25 centimes d’euros, la monnaie est ici le rial, mais les gens parlent en toman(1000 rials = 100 toman) ce qui est une difficulté importante les premiers jours). Deuxième étape, taxi vers sar e Hafez. Il faut déjà savoir où se trouve les taxis, ce qui nécessite de demander aux gens. Ensuite je découvre un attroupement d’un vingtaine de personne au bord de la route. Toutes crient leur destination aux rares taxis qui passent (il est, disons, l’heure de la rupture du jeune et la voiture se sont soudainement faites rare). Je me sens complètement perdu, il n’y a pas de queue, je ne comprends jamais ou vont les taxis qui s’arrêtent. Je trouve finalement un taxi qui m’emmenera, si j’arrive à lui indiquer l’endroit ou je souhaite m’arrêter, à ma destination. C’est donc compliqué, mais souvent sympathiq! ue puisque ca oblige à parler avec des gens. Et puis rapidement on con nait les trajets les plus importants et les petits trucs (le placement sur la route). J’oubliais, il arrive de faire cela le long des voies rapides, c’est beaucoup plus impressionnant. «