Inondations du Gharb: la pluie seule responsable?

Depuis plusieurs semaines, le Gharb, région pourvoyeuse en produits agricoles du Maroc, est sous les eaux, comme en témoigne cette photo aérienne et ces images prises par le satellite Spot.

Plusieurs dizaines de milliers d’hectares sont inondés par les crues des dernières semaines. Les conséquences sont connues. Des centaines de familles sans abris et sans ressources, une production agricole décimée, les prix des légumes à la hausse se mettant hors de portée des bourses moyennes…

Qui s’en préoccupe ? Qui en parle ? Qui agit ?

Il y a eu des promesses d’aide, des ministres se sont déplacés, mais l’ampleur des dégâts nécessite un examen plus attentif de la situation.

Un responsable du Département de l’eau s’est exprimé dans le journal « L’Economiste »: «Les dégâts auraient été plus importants s’il n’y avait pas le barrage Al Wahda», l’auteur de l’article a même jugé utile de préciser : « Notons enfin que ces inondations ont été une sérieuse épreuve et occasion de réflexion en matière de politique de barrages au Maroc ».

Justement. Réfléchissons !

La mission de régulation des crues du barrage Al Wahda a-t-elle été remplie ? Tout le monde se souvient des communiqués glorieux sur le taux record de remplissage des barrages au début d’une saison qui s’annonçait comme pluvieuse. Ne fallait-il pas stocker moins pour anticiper les fortes crues ? Et que sont devenus les périmètres irrigués destinés à utiliser toutes ces eaux ? Quel taux de réalisation dans les programmes ? La réponse est cruelle : peu d’hectares ont été jusqu’à présent équipés sur les 100 000 prévus pour bénéficier des eaux stockées ! En fait, à défaut d’équipement, la zone a reçu les inondations !

Dans n’importe quel autre pays réellement respectueux des citoyens et des ressources publiques, des enquêtes auraient été lancées et des sanctions auraient été déjà appliquées… L’AMDH a bien demandé l’ouverture d’une enquete, mais qui a répondu?