La nuit du clandestin

Le ministre de la Santé s’est récemment plaint de la fuite des médecins marocains vers l’Europe. Il s’en est pris violemment à ces individus qui ont bénéficié de leur formation dans un pays qu’ils n’hésitent pas à quitter pour aller honorer le serment d’Hippocrate sur d’autres terres.
En deux ans, pas moins de 7.000 médecins ont quitté le pays. Ce chiffre représente 30% du nombre des lauréats des facultés de médecine et va en augmentant chaque année.

Un médecin qui émigre, cela peut se comprendre. Mais lorsqu’il s’agit d’imam de mosquée qui ne rentre pas chez lui après avoir achevé sa mission cultuelle en Europe, que faut-il en penser ? Sélectionnés par les instances officielles marocaines pour assurer les prières du mois de ramadan dernier, y compris celles de la nuit du destin, 13 imams ont renoncé à leur billet retour pour s’évaporer en clandestins dans la nuit.

Abandonner les ouailles de son pays musulman pour s’installer dans les pays des infidèles, probablement sans en maîtriser les langues, comment cela peut-il s’expliquer ?

Ces informations sont largement partagées, par les médias et même par les officiels. Certains y vont de leurs propositions pour stopper cette hémorragie.
Ainsi il semblerait que la mesure prise de réduire le nombre d’années d’études en médecine est destinée à empêcher nos diplômés d’obtenir l’équivalence avec les diplômes occidentaux. Est-ce là l’arrière-pensée qui expliquerait les grèves des étudiants ?
Par ailleurs, en réponse au phénomène du départ des imams, l’idée de n’envoyer que des imams mariés et ayant des enfants est déjà évoquée. Cette mesure sera-t-elle suffisamment dissuasive ?

Mais la question essentielle, celle qui doit être posée et méditée face à cette situation alarmante est : pourquoi ces individus décident-ils de quitter leur pays ?