Rencontre du troisième type

À l’heure où j’écris ces lignes, il y a une vidéo qui circule sur Internet et qui est en train de créer un buzz inégalé jusqu’à présent, à ma connaissance.

Cette vidéo a fait jusqu’ici plus de 2 millions de vues et attiré près de 20 000 commentaires.

Filmée en Darija anglicisée, une langue que seuls certains jeunes marocains maîtrisent, dure 40 minutes et se base sur un concept importé de l’étranger. Le genre de concept dont on se délecte quand ça se passe chez les autres mais qu’on abhorre quand ça se passe chez soi.

Selon ce concept, une fille cherche quelqu’un avec qui sortir parmi cinq candidats en leur posant des questions et en les poussant à se dévoiler petit à petit.
Les cinq candidats et la fille objet du concours ont été soigneusement choisis. Ils sont assez représentatifs des jeunes marocains que nous rencontrons chaque jour. Dans leur habillement et leur coiffure, comme dans leurs loisirs. Elle se dit influenceuse vivant en Hollande. Ils sont rappeur, skater, basketteur, vendeur de fringues et avouent n’avoir qu’un parcours scolaire limité.

En parlant d’eux-mêmes face à la jeune fille, les candidats qui viennent de diverses régions du Maroc, révèlent les problèmes que vit la jeunesse marocaine et que certains cherchent à masquer. Ces problèmes vont de l’indigence linguistique, l’éducation non inclusive, le patriarcat, la place de la mère, aux rêves entravés et désirs refoulés …

La vidéo révèle aussi qu’il y a une intention claire de secouer certains tabous et peut-être provoquer ce buzz. En effet, d’abord, c’est la fille qui choisit et pas le contraire. Ensuite, le chien de la fille se mêle de la partie en reniflant les candidats. Et puis surtout, la minijupe portée par la fille, qui a fait scandale et l’a poussée à s’en excuser. Il y a aussi l’usage des drogues ouvertement assumé.

Dans la vidéo comme dans les commentaires, un constat s’impose. Aux côtés de la francophilie évanescente et de la religiosité envahissante, une troisième filière naissante n’est pas du goût des deux premières.