La Banque mondiale plaide pour l’agriculture. Et nous?

Le rapport 2008 de la Banque mondiale vient d’être publié. Il devrait constituer un nouveau virage dans l’activité de cette institution financière en charge de l’appui au développement. Le titre est déjà révélateur: « L’Agriculture au service du développement ». Il n’est jamais trop tard pour opérer les réorientations nécessaires. En effet, dans un pays comme le notre, pour avoir oublié les potentialités de ce secteur économique, le monde rural demeure tel un boulet qui empêche le décollage de l’ensemble. Même le développement que connaissent certaines régions urbaines est menacé par le fossé qu’il creuse avec leur environnement régional.

Il serait criminel de continuer à concevoir le développement du pays sans se soucier des opportunités offertes par le secteur agricole, sans rompre avec les idées qui confinaient les paysans dans le rôle exclusif de la défense d’un système. Dans l’état où il se trouve actuellement, analphabétisme, exclusion, et compte tenu des menaces qu’il pourrait nourrir, le monde rural marocain mériterait une meilleure attention par les pouvoirs publics…
La lecture du rapport de la Banque mondiale pourrait certainement contribuer à éclairer les lanternes. Nous avions suivi les recommandations de cette institution pour les ajustements financiers, les privatisations, le traitement des questions sociales, nous devrions aujourd’hui tenir compte des nouvelles voies qu’elle ouvre pour un développement durable et plus inclusif.

Pour la participation de l’agriculture dans le développement, une question est cruciale: celle de l’eau. Voilà ce que dit le rapport:

« Rising climatic uncertainties and hydrological
variability increase the urgency of
integrated planning approaches, which is
already evident in arid regions with largescale
irrigation. In Morocco, dams were
designed on the basis of past rainfall patterns,
but in an unusually intense period
of droughts, the volume of water stored
was insuffi cient, resulting in major water
shortages.20 Expensive irrigation schemes
are thus used far below their potential, and
modifi cation to allow for water-saving technologies,
such as drip irrigation, increase
costs. Because changes in rainfall from climate
change are expected to have a similar
effect in other parts of Africa, Morocco’s
experience is a cautionary tale for countries
planning to make new investments in irrigation
in drought-prone areas. According
to recent predictions, greater variability in
precipitation will signifi cantly affect surface
water across a quarter of the continent ».

Et plus loin, le rapport précise:
« Reforming irrigation systems and water
allocations is inherently a political process.
For example, water management bureaucracies
may oppose the devolution of responsibility
and greater accountability to water
users. When reforms have political as well as
technical champions, they are more likely to
succeed. In Chile, Mali, Namibia, and South
Africa, institutional reforms in water succeeded
largely because they were part of a
broader package of political and economic
reforms with strong political backing. In
Mali the president championed reform of
the Offi ce du Niger. In Morocco
the leadership of the ministries of finance
and economic affairs were instrumental in
building consensus and creating a window
of opportunity for pursuing reforms. »