Sacrilèges

Je ne connaissais pas Mohamed Amer Mezian jusqu’à ce que je le découvre dans un entretien donné au journal Le Monde du 22 janvier 2024. Ce philosophe de Columbia University de New York, mentionne avoir découvert une lettre d’un responsable français dans le sud du Vietnam datant du 10 février 1882 qui rapporte une réclamation « d’un mandarin local soutenant qu’un dragon habite dans une mine de charbon qu’entendait exploiter l’autorité coloniale, rendant cette perspective sacrilège. »

En rédigeant cette chronique, je tombe sur le titre d’un article : ‘De la sorcellerie au tourisme’ paru dans un magazine marocain. L’article rend compte de la destruction (sacrilège ?) par les autorités des constructions anarchiques bâties autour du marabout Sidi Abderrahmane à Aïn Diab sur la célèbre corniche de Casablanca.

Je me suis alors souvenu d’une histoire que se plaisait à raconter une personne que j’estime énormément. Cet homme pieux, comme il n’en existe plus beaucoup, pratiquant comme devrait l’être tout véritable musulman, évitait de donner des leçons de morale religieuse et n’hésitait pas à dénoncer les charlatans de tous poils. Ce grand homme du Souss profond, parfait autodidacte, avait fondé une entreprise de bâtiment qui allait construire une villa dans un beau quartier d’Agadir.
Le terrain contenait un grand arbre auprès duquel des gens, en majorité des femmes, venaient faire des prières rogatoires sous prétexte que ce lieu était béni par Dieu. Problème : les plans d’architecture prévoyaient la destruction (sacrilège ?) de cet arbre.

Lorsque l’information a été connue, des protestations de la part des visiteurs ont vu le jour. Inquiet devant la probable malédiction que cette maison allait provoquer, le propriétaire du terrain a décidé de s’en débarrasser. C’est alors que l’entrepreneur se l’est procuré et a poursuivi la construction de la villa. Les protestataires ont graduellement cessé de protester et la vie s’est installée tranquillement dans cette villa. Cet entrepreneur pieux qui a construit cette villa était mon beau-père. Mon mariage avec sa fille a eu lieu dans cette villa. Une vraie bénédiction qui dure depuis des décennies !