Je vois des jeunes adossés au mur, bien outillés, oreillettes, câbles, smartphones et même PC portables.
Ils ont l’air très occupés. Ils n’ont pas une minute à perdre. Chacun est pleinement concentré sur ce qu’il est en train de faire.
Sont-ils en train de créer le logiciel qui réglera leurs problèmes de demain ?
Sont-ils sur le point de donner naissance à une communauté de volontaires prêts à s’engager dans une cause noble ?
Sont-ils en train de jouer à un jeu dont le vainqueur pourrait gagner des millions ?
Non, rien de tout cela. Ni invention, ni cause noble, ni loisir. Rien de cela ne les rassemble en ce moment précis, en ce lieu précis. Non, rien à voir !
Tout le monde les voit faire ce qu’ils font dans l’indifférence totale. Les passants, les surveillants, les parents, tout le monde sait pourquoi ils sont là et à quel exercice ils se livrent.
Vous pouvez vous approcher d’eux et écouter ce qu’ils disent, ils ne se sentent pas dérangés.
Circulez ! Il n’y a rien à voir.
A un moment précis, ils se débranchent. Ils enlèvent les oreillettes, remettent leurs outils dans les poches.
Vers le lieu où ils sont groupés, arrive un flot de jeunes gens, sortant d’un bâtiment respectable.
Les arrivants discutent avec les autres qui étaient déjà là, branchés et occupés.
Celles et ceux qui sont familiers du milieu universitaire marocain ont déjà compris.
C’est jour d’examen. Le groupe de l’extérieur reçoit les sujets, les traite en faisant des recherches sur Internet et envoie ou dicte les réponses à ceux qui sont à l’intérieur par le truchement d’outils sophistiqués et apparemment indétectables.
Le chef du gouvernement a déclaré officiellement que la moitié des étudiants quittent les facultés sans diplôme. A quelle moitié appartiennent ces tricheurs ?
J’ai trouvé un chiffre qui n’a rien à voir. Le voici. En septembre 2022, 45 162 étudiants marocains étaient inscrits dans différents établissements universitaires de France.