Les gens et les mots

Vous avez beau chercher dans les dictionnaires vous ne trouverez pas de mot pour définir certaines catégories de gens.
Par exemple, aucune trace d’un qualificatif des gens qui se curent constamment le nez. Ni les individus qui ne se brossent pas les dents. Ni les personnes qui se marient et divorcent plusieurs fois dans leur vie.

Ce n’est pas utile. C’est inintéressant. Ces personnes ne sont pas suffisamment nombreuses pour leur consacrer un nom spécifique et encombrer les dictionnaires déjà assez remplis. Il est préférable de les définir par une série de mots, de verbes et d’adjectifs. Comme pour dire par exemple, mon voisin fait du bruit tous les jours.

En revanche, il y a des mots qui, dès qu’ils sont prononcés, renvoient à un descriptif clair et communément admis par tout le monde. Sans aucune ambiguïté. Nul besoin d’expliquer.

Les livres religieux, la littérature, et autres ouvrages, regorgent de mots utilisés pour décrire les caractères des gens et dont nous comprenons le sens et que nous n’avons pas de peine à les apposer sur des visages.

Un auteur français, qui n’a écrit qu’un seul livre de tout son vivant s’est préoccupé de ce sujet, il y a plusieurs siècles. Il s’agit de Jean de La Bruyère, né en 1645 et mort en 1696. Son livre intitulé Caractères contient des dizaines de maximes au sujet des êtres humains et des moeurs de son siècle. Il est intéressant de voir combien la lecture de certains passages de ce livre nous renseigne sur la permanence des caractères humains malgré le temps et les progrès technologiques.

Voici un petit extrait significatif : « Êtes-vous dédaigneux, malfaisant, mauvais plaisant, flatteur, hypocrite ? Je l’ignorais, et ne pensais pas à vous : j’ai parlé des grands. »