Les gens et le bien

Quel type de personnes sommes-nous ?
Faisons-nous du bien autour de nous ? Quel type de bien ? Matériel ou immatériel ? Quel retour recherchons-nous ? Et que recevons-nous ? Et alors quel type de bien est-ce le plus bénéfique, le plus durable ?

En lisant le roman « Les voisines de Abi Moussa », j’avais souligné le passage suivant :
« الناس ثلاثة، رجل لا يضر الناس و إنما ينفعهم و رجل لا يضر الناس و لا ينفعهم و رجل يضر الناس ولا ينفعهم »
Les gens sont de trois types, dit l’auteur. Ceux qui ne font pas de mal aux autres mais qui leur sont utiles. Ceux qui ne leur font pas de mal et qui ne leur sont pas utiles. Et ceux qui leur font du mal et qui ne leur sont pas utiles.

Je pense quant à moi que les gens se répartissent en quatre catégories. D’abord, les malfaiteurs mal-aimés et les bienfaiteurs bien-aimés, qui sont deux catégories tout à fait logiques. Mais il y a aussi des cas atypiques faits de malfaiteurs bien-aimés et de bienfaiteurs mal-aimés.

Mon défunt père avait pour prénom Mohammed. Mais ses proches avaient l’habitude d’accoler l’adjectif laa’ziz à son prénom. Mohammed le bien-aimé, ce père disparu quand j’avais à peine onze ans.

Dans mes souvenirs d’enfance avec lui, une scène me revient. Nous étions en famille en visite chez un paysan dans sa petite ferme dans la région de Témara. Mon père s’est approché de notre voiture, a ouvert le bouchon du réservoir d’essence et a demandé au paysan d’y plonger un tuyau pour aspirer du carburant qui devait servir à son moteur de pompage d’eau. Un exemple de sa générosité comme on m’en a souvent rapporté. Et ce n’est pas seulement pour cela qu’il était bien-aimé. Il a laissé derrière lui des centaines de livres qui profitent encore à des dizaines de jeunes.

J’allais oublier. Le livre mentionné au début de cette chronique a été publié en 1997 par Ahmed Taoufiq, l’actuel ministre des affaires islamiques, dont l’érudition passe inaperçue à cause des responsabilités gouvernementales qu’il assure depuis 2002. Mais ses écrits resteront.