Des chiffres et des êtres

Quel avenir pour le Maroc et ses populations ? À quel niveau de prospérité serons-nous en 2050 ? Pour essayer de répondre, nous disposons de quelques chiffres. Mais regardons d’abord cette carte du Monde publiée récemment par le journal New York Times. Elle montre comment le nombre de personnes en âge de travailler (15 – 64 ans) devrait évoluer d’ici 2050 dans le monde.

Cette carte dit notamment que la compétition ne tardera pas à s’amplifier entre les pays avec bulles rouges, déficitaires en ressources humaines et les pays excédentaires, avec bulles vertes.

Naturellement l’être humain cherchera à aller là où il y a des opportunités. Et personne ne peut l’en empêcher. Surtout s’il ne se plaît pas dans son pays d’origine, comme c’est le cas des 600 médecins marocains qui quittent leur pays chaque année pour aller exercer dans les pays européens.
Ces médecins font peut-être partie de ces Marocains du Monde qui ont injecté en 2023 dans l’économie nationale quelque 115 milliards de Dh, soit 10 fois plus que les flux des investissements étrangers. Mais qu’en sera-t-il demain ?

Dans les enjeux qui s’annoncent, la seule option pour le Maroc est de former et de retenir sa population et de rendre inintéressante toute idée d’immigration vers les pays en rouge. Mais il y a un préalable incontournable : en 27 ans, transformer radicalement la situation actuelle du système éducatif.
Le chef du gouvernement a déclaré le 5 février devant le Parlement que 330 000 enfants marocains quittent l’école chaque année, que 50% des étudiants abandonnent l’université sans diplôme et que seulement 10% des collégiens maîtrisent le programme qui leur est dispensé. De son côté, le HCP rapporte que les jeunes qui possèdent un diplôme souffrent d’un taux de chômage (20%) quatre fois supérieur à celui des sans diplôme (5%).

Si ces chiffres alarmants persistent, nous deviendrions un pays exportateur d’êtres humains, grandement dépendant de leurs hypothétiques transferts financiers.